Tempête Alex à Venanson, Film au nom de la vie de Christian RASQUIER
Patrimoine & Histoire de Venanson
Construit sur un éperon rocheux, le village se situe à 1 164 mètres d'altitude et domine la vallée de la Vésubie. Véritable acropole où s'établit le village, le Venansonnois (en français) ou Venassian (en gavot) ou encore lou cugulé (son sobriquet local), a le rare privilège de pouvoir embrasser d'un seul coup d'œil tout le territoire de sa cité (telle la polis des Grecs anciens), borné à l'est par la vallée et s'abritant tout autour dans l'amphithéâtre des crêtes.
Un castel, un habitat fortifié, est mentionné en 1067. Il n'est pas sûr qu'il ait déjà été situé à l'emplacement actuel de l'agglomération, mais peut-être plus haut, sur le sommet de la Crête de Spivol. Un village a rejoint ce château, peut-être à l'occasion de son transfert sur le site de l'agglomération actuelle. Venacionis en 1109, Venaczoni en 1388, Venasson en 1499, Venansson en 1760 et enfin Venanson.
En 1388, seul le village est mentionné et non le château, dont il ne subsiste aujourd'hui plus de trace. Une église l'accompagnait, mentionnée en 1376. Elle est dédiée à Saint-Michel.
Le fief de Venanson est une ancienne possession de la famille de Castellane-Thorame. En 1297, elle a été inféodée à Pierre Tournefort des Comtes de Vintimille, puis a fait parti des nombreuses acquisitions de Jean Ribotti en 1699 qui la cède à Françoise Ruffino veuve Alziari, le 8 décembre 1700. Son fils Jean lui succède le 20 mars 1723. Le 2 décembre 1757, le fief est partagé entre Gaspard Génési et Joseph-Etienne Laurenti et par sa fille Marie à Ludovic Trinchieri le 1er août 1772.
Le 27 juillet 1739, un incendie détruit entièrement le village qui se situait au quartier des granges et les habitants vinrent s’installer sur l’emplacement du village actuel.
Anfossi et Rodriguez écrivent en 1873 dans "Album de la Vésubie" : "En face et au-dessus de Saint Martin Vésubie, une pyramide s'élance comme vomie d'un cratère, sous la coupole du ciel, sans que rien, à son entour, semble justifier son existence. C'est le clocher d'un tout petit village suspendu comme un nid d'aigle, au dessus d'un abîme."
L'historien Durante formule l'idée d'un rendez-vous de chasse, Venanson venant de Venatio, dont l'ethymologie signifie : chasse, pays de chasse. André Compan rapproche le nom radical Vena-Venas-Venassas qui signifie : point d'eau, source. Il écrit dans "Toponymie de Saint-Martin-Vésubie et Venanson" : "la position de Venanson par rapport au Riou et à la Vésubie pourrait faire accepter cette hypothèse. Venanson eut une confrérie de pénitents noirs.
La chapelle Sainte-Claire, dite le martyre de Saint-Sébastien, située sur la place, fut construite au XVème siècle pour arrêter l'épidémie de peste qui sévissait à cette époque. Pour Luc Thévenon, c'est le joyau de la Vésubie dans le domaine de la peinture. Il écrit dans "Trésors d'art religieux de la vallée de la Vésubie" (Nice Historique 1992) : " Elle abrite des peintures exécutées par Giovanni Baleison qui les a datées du 26 juillet 1481, jour de la Sainte-Anne. Elles racontent la vie de Sébastien, jeune damoiseau dont le martyre occupe le chevet". Giovanni Baleison, originaire de Demonte dans la Stura...a partagé son activité entre les Alpes piémontaises, la Ligurie et le pays niçois.
Les communautés de Venanson et de Saint-Martin se sont affrontées au cours des siècles pour les pâturages. Déjà en 1447, des transactions étaient intervenues, mais elles sont demeurées sans effet. En 1564, le Duc Emmanuel Philibert, de passage à Saint-Martin-Vésubie, fut choisi comme arbitre et apaisa pour un temps le conflit et fit rédiger un accord entre les habitants de Venanson et ceux de Saint-Martin pour que cessent les luttes pour des questions de limites de territoire et de droits de pâtures.
Du XVIème au XVIIème siècle, Venanson va subir les méfaits des luttes européennes dans laquelle la Savoie est engagée avec l'invasion des troupes françaises puis franco-espagnoles. Le 15 février 1644, l'église paroissiale de Venanson est détruite à la suite d'un tremblement de terre, puis reconstruite avant 1650. C'est une église à nef unique, bordée de profondes chapelles latérales suivant le principe jésuite de la travée rythmique. Elle se termine sur un choeur à chevet plat. Luc Thévenon nous signale d'autre part que les enquêtes sur la peinture du XVIIème siècle dans la vallée ont permis d'identifier plusieurs maîtres niçois qui ont travaillé soit pour les paroissiales, soit pour les chapelles de pénitents. Le premier est Guillaume Planeta, auteur du maître d'autel de l'église de Venanson en 1645.
Administrativement, depuis 1818, Venanson est rattaché au canton de Saint-Martin-Vésubie (mandement savoyard de 1818 et décret français du 14 juin 1860).